« We won't say our goodbyes ; you know it's better that way. » – feat. Elizabeth Jenssen

« We won't say our goodbyes ; you know it's better that way. »
starring Elizabeth Jenssen & Trevor McLadbroke

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Certains disent ne croire que ce qu'ils voient. D'autres prétendent que c'est la confiance avant tout qui doit prôner. Que faire alors lorsque vous êtes de la seconde école mais que trop d'indices tendent à vous faire douter ? Cela était le cas pour Trevor depuis qu'il avait vu ce qu'il ne pensait pas être témoin un jour.
Depuis quelques temps, le jeune homme avait prit l'habitude de ne plus jeter le moindre coup d'œil aux primes du Westown Real Show et encore moins de regarder les quotidiennes de l'émission. L'étudiant avait en effet fait la lourde expérience de ce que pouvait impliquer comme conséquence de se fier aux ragots diffusés et il avait alors, pour son bien mais surtout pour le bien de son couple, refusé de porter la moindre attention à ce programme, bien qu'il en fasse lui-même parti. D'ailleurs, c'était lorsque l'on était un des membres de cette émission que l'on avait le moins envie de la suivre, paradoxalement. Mais cette fois-ci, tout était différent. Ce fut au foyer du Bâtiment B que le jeune homme tomba sur l'information qui allait le tenir éveillé toute la nuit.
Alors qu'il était enfoncé dans un canapé crevé de la salle de repos, le nez plongé dans une bande dessinée et une canette fraîche de Coca Cola calée entre ses genoux comme à son habitude, son attention fut attirée malgré lui par le brouhaha soudain qui monta autour de lui. Ce bruit à vrai dire, ne l'aurait pas dérangé outre mesure en temps normal mais cette fois-ci, il avait l'étrange impression de sentir sur lui bien des regards. Il n'avait pas tord, dès qu'il leva les yeux, il vit une demi-douzaine d'étudiants le regardant hâtivement et chuchotant entre eux, pointant leurs index surexcités sur l'écran plat de télévision allumé. Perplexe et craignant alors d'être une nouvelle fois tourné en ridicule par l'émission – pourtant, il avait été certain de ne plus avoir laissé traîner ses revues sur les Extra-Terrestres ! – Trevor tordit son cou pour apercevoir ce que le Show lui infligeait encore comme étiquette. Son sang se glaça alors lorsqu'il vit la cause de toute cette agitation … Ce n'était pas lui qui faisait les gros titres du jour, c'était Elizabeth Jenssen. Ayant un grand mal à réaliser tout ce qu'impliquait la nouvelle qui tournait en boucle sur le canal privé du Westown Real Show, Trevor dût plisser les yeux pour lire de sa place le slogan qui défilait en bas d'une vidéo plus qu'explicite : « Alerte pour les Lizor Supporters, la moitié du couple retrouve un ex et en oublie son autre moitié. » La seconde d'après, son regard resta bloqué sur l'image comprenant sa petite amie, embrassant sans égard un jeune homme qu'il ne reconnaissait pas, à la plage de la ville. Des sentiments opposés le traversèrent alors et il eut une grande difficultés à les masquer tandis qu'il sentait encore les regards brûlants des autres élèves présents peser sur lui. Se levant doucement et sans oser s'approcher de la télévision pour l'éteindre, il tourna les talons et regagna sa chambre pour ne pas en ressortir avant le lendemain matin. La nuit qu'il traversa alors fut douloureuse et longue. Le coup de poignard qu'il semblait avoir prit en pleine poitrine à la vue de cette étreinte ne s'apaisa nullement au fil des heures, bien au contraire. Il avait ignoré les quelques appels de Lizzie et ses textos innocents lui demandant ce qu'il faisait ne l'intéressèrent même pas. Il se sentait perdu, trahi et plus que tout, déçu. Sans avoir avalé quoique ce soit, il se coucha ou plutôt s'allongea sur son lit, fixant le plafond toute une partie de la nuit, se levant pour regarder la lune le temps restant. Finalement, le soleil se leva et Trevor se prépara comme d'habitude pour rejoindre ses cours de la matinée mais il était tellement ailleurs qu'il en oublia la majorité de ses affaires pour ses différentes matières. Cela ne le dérangea même pas puisque, au fond des salles de cours, il se faisait oublier et griffonnait d'un air absent sur sa feuille, réalisant à peine qu'il s'agissait d'une copie à rendre pour la fin de l'heure. Refusant d'adresser la parole à quiconque et ne riant même pas lorsque l'enseignant failli tomber de son estrade, Trevor atteignit finalement son portable et lu le dernier sms que lui avait envoyé Lizzie : « N'oublie pas qu'on déjeune ensemble aujourd'hui ». En tant normal, ce message l'aurait fait sourire et languir de se retrouver auprès d'elle mais ce jour-ci, il en avait mal au cœur ; conscient qu'il n'arriverait pas à supporter son regard plus de quelques secondes. Finalement, il lui envoya un simple « OK ». Quelques heures plus tard, il arriva avec un léger retard à la cafétéria du bâtiment et aperçut rapidement la jeune femme à leur table habituelle, ou plutôt celle que Trevor occupait avant lorsqu'il était célibataire et où venait à présent le rejoindre régulièrement la jeune femme. C'était une place dont il était un des rares à apprécier : située au fond de la salle, elle était loin de tout : de l'entrée, de la sortie, des repas … En gros, personne ne se foulait pour venir jusqu'ici, excepté Trevor. Et Lizzie à présent. Son plateau repas entre les mains, il alla alors la rejoindre et se battit contre lui-même pour lui offrir un faible sourire. Elle, en revanche, était radieuse comme toujours et d'humeur joyeuse ce qui troubla d'avantage le jeune homme. Il remarqua qu'elle s'était légèrement redressée, attendant probablement qu'il l'embrasse comme ils en avaient l'habitude lorsqu'ils se retrouvaient mais il esquiva en prétextant commencer à couvrir un rhume. Elle sembla hésiter, et puis accepta cette excuse.
Assit en face d'elle, le jeune homme, la gorge nouée et le regard n'arrivant pas à se fixer sur le sien, répondit alors avec brièveté à ses questions sur sa journée, tandis qu'il tenait dans sa main droite sa fourchette et poussait chaque petits pois de son plat principal au centre de son assiette, semblant y trouver un intérêt crucial. Finalement, il arriva à demander « Et toi ? » à la jeune femme qui se mit alors à raconter avec allégresse sa mâtinée mais Trevor n'en retenu pas un mot. Ses paroles lui semblait être un vague brouhaha qui ne le concernait plus, son regard se relevait parfois vers elle par politesse, ou plus exactement, fixait un point par dessus son épaule, pour venir se reposer sur son assiette, sans jamais porter sa fourchette à ses lèvres.
Là, installé face à Lizzie qui lui parlait pourtant, il se sentait incroyablement seul et réduit à un malaise insondable. Quelque chose s'était brisé entre eux, quelque chose dont cette fois, il n'avait pas la force de réparer.

Cela faisait trois jours que Lizzie avait du faire face à ses vieux démons du passé, venus tout droit de sa ville natale, New York. Depuis ce soir où elle avait revu pour la première fois en deux ans son ex petit ami, la jeune fille avait eu du mal à faire comme si tout allait bien. Elle savait qu'elle devrait en parler avec Trevor, après tout, ce qui s'était passé durant cette rencontre n'était pas tout à fait anodin, mais devoir revivre ça encore une fois ne lui donnait pas envie. Si elle lui parlait de Matthew - l'ex petit ami en question - il faudrait qu'elle lui raconte tout à lui aussi, qu'elle lui parle de sa vie à NYC, de son départ précipité, et surtout, de la raison de ce départ. Était-il assez fort pour supporter ça ? Elle n'était pas sur de l'être, elle. Ici, seul Beleen était au courant des événements de son passé, des choses qu'elle gardait pour elle car elle n'en était pas fière. Devoir en parler avec Trevor et prendre le risque qu'il soit déçu, voir dégoutté par ce qu'on l'avait forcé à faire, elle avait du mal à le concevoir. Mais ne valait-il pas mieux lui dire maintenant, plutôt qu'il l'apprenne de la bouche d'un autre ? Et puis, en expliquant son histoire, elle pourrait enchainer sur ce qu'il s'était passé à la plage avant que ça aussi il ne l'apprenne par une autre personne. Et là encore, même si elle appréhendais sa réaction, il ne pouvait que lui donnait raison, elle n'avait rien fait de mal. Il est vrai qu'elle avait été surprise par ce baiser volé par son ex, mais - après un léger temps de réaction suite au choc - elle n'y avait pas répondu et avait aussitôt repoussé Matthew. D'ailleurs, lui non plus n'était pas totalement en tord, il avait fait ça après avoir appris la nouvelle, et c'était sous le coup de l'émotion en voyant les yeux remplis de larme de la jolie blonde. Quoi qu'il en soit, il faudrait tôt ou tard qu'elle en parle à Trevor afin qu'il n'interprète pas ça dans le mauvais sens. Il était certain que le Real Show sauterait sur l'occasion pour diffuser les images de Lizzie entrain de se faire embrasser par un inconnu, coupant par la même occasion le moment où elle le repousse, c'était évident. Le Real Show était là pour espionner les étudiants et s'amuser à leur créer tout un tas de problèmes. Ce qui intéressait la production, c'était le scoop, il se fichait de détruire l'un des couples le plus en vogue de ces derniers mois.

Elle ne voulait pas lui parler de ça par téléphone, il était mieux d'attendre qu'il se voit tout les deux, de préférence dans un endroit leur offrant une petite intimité. Surtout qu'il fallait prendre en compte toutes les possibilités, et si leur discussion se transformait en une espèce de dispute comme lorsque Lizzie avait fait sa crise de jalousie, il valait mieux que les deux étudiants se retrouvent dans un endroit à l'abri des regards indiscrets. Du moins, elle éviterait d'aborder le sujet tant qu'ils ne se retrouveraient pas seuls, mais elle n'avait pas non plus l'intention de s'abstenir de voir son petit ami. Elle décida qu'il serait mieux, afin d'éviter les soupçons ou autre, de se comporter comme d'habitude en attendant ce moment d'intimité. Dans tout les cas, ils se retrouvait souvent le mercredi pour bosser un peu, la jeune fille profiterait de l'occasion pour aborder le sujet si elle n'avait pas eu le temps plus tôt. Elle passa donc sa journée du dimanche à travailler un peu et se rendit au cinéma, tout appelant Trevor une fois pour prendre de ses nouvelles. Le lundi elle le croisa entre plusieurs cours le matin comme d'habitude et ne fus pas surprise que son petit ami ne réponde pas à ses sms du soir. Après tout, il était surement occupé à travailler ses mathématiques, ou bien à faire d'autre chose, il était quand même libre de faire ce que bon lui semblait sans être collé à son portable. Elle essaya de le joindre avant de se coucher mais il ne répondit pas non plus, et elle en déduit qu'il devait déjà être au lit, sans s'en soucier plus que ça. Néanmoins le mardi matin, elle trouva ça étonnant de ne pas avoir reçu de texto lui rappelant qu'ils devaient manger ensemble, car il était bien connu que Lizzie était du genre tête en l'air ou tout simplement toujours en retard. Se demandant si il n'était pas malade ou si il avait finalement oublier, elle se décida à lui envoyer un texto de rappel. La réponse plus que simple de Trevor la déçu quelque peu, mais elle n'avait toujours aucun soupçon car il était normal qu'il ne s'étende pas plus que ça si le jeune homme se trouvait en cours. Toujours confiante, elle se dirigea vers la caféteria et ne s'étonna pas des chuchotements sur son passage, cela ne changeait pas des autres jours. En marchant vers la table où elle mangeait habituellement avec Trevor, elle évita de peu un plateau repas qui manqua de se renverser sur sa nouvelle robe blanche qu'on reconnaissait comme était une Chanel grâce à la ceinture marquant sa taille et se finissant par le signe de la marque plutôt voyant à cause de la couleur dorée. Elle réussit à atteindre la table expatrié au fond du restaurant universitaire indemne et s'installa sur une des chaises. Elle attendit patiemment, commençant à manger son entrée et levait parfois la tête en cherchant son petit ami. Lorsqu'elle le vit avancer vers elle, elle ne put s'empêcher de sourire et se redressa quelque peu pour avoir le plaisir de gouter ses douces lèvres. Elle fut désappointé quand elle le vit s'asseoir directement avant de lui dire qu'il pensait couvrir un rhume. Elle hésita un instant, reliant les événements récents et commença à s'inquiéter puis accepta cette excuse une fois qu'il l'ai plus ou moins rassuré avec un petit sourire. Elle engagea alors la discussion, s'arrêtant parfois pour manger ses petits pois ou pour l'observer, ne pouvant s'empêcher de le fixer pendant quelques secondes avant de reprendre.

« Tu sais qu'il y a un truc de charité la semaine prochaine ? J'ai quelques amies qui y vont, mais ça n'a pas l'air super intéressant. On pourrait y aller ensemble si tu n'as rien d'autre de prévu, ça pourrait être sympa et au moins je ne m'ennuierais pas... »

Elle évoquait ce gala de charité dans leur conversation, après tout ce n'était pas un événement très important pour elle mais elle serait déjà plus heureuse d'y aller si Trevor acceptait de l'accompagner. Dans ce cas-là, elle serait d'accord pour faire des efforts et faire semblant d'être intéressé par cette soirée, étant donné que c'était la confrérie de son petit ami qui organisait ça. Elle s'était tu pour prendre une bouché de petit pois, ayant presque finie son assiette. Elle releva la tête, surprise que Trevor n'ait pas encore répondu afin de lui dire que ce « truc » était quelque chose d'important à ses yeux mais qu'il serait tout de même ravi d'y aller avec elle. Elle regarda alors le jeune homme et constata qu'il n'avait pas écouter ce qu'elle lui disait mais qu'il semblait perdu dans ses pensées. Bien que la jeune fille acceptait le fait qu'on soit distrait, une petite voix lui disait qu'il ne l'avait pas écouté depuis le début et cela l'agaçait quelque peu. Elle se racla doucement la gorge afin d'attirer son attention sur autre chose que le contenu de son assiette.

« Trevor, tu pourrais au moins faire semblant de t'intéresser à ce que je dis quand je te parle au lieu de contempler ton assiette, ce qui est surement passionnant soit dit en passant. »

Il n'y avait aucune méchanceté dans sa voix, elle était juste impatiente et n'aimait pas qu'on se désintéresse de ses paroles comme ça. Elle lui sourit alors, attendant qu'il réagisse à ce qu'elle lui disait, étant très loin de se douter que le gala de charité serait le dernier de ses soucis lorsque Trevor se déciderait à lui répondre.

« Lizzie, je suis au courant. »

« Je ne pensais pas qu'une chose pareille arriverait. Enfin soit, je sais bien que je ne suis pas le meilleur petit ami qu'on puisse demander mais j'estime mériter tout de même un minimum d'égard. »

A en juger par l'apparence du jeune homme qu'elle observait depuis quelques secondes en attendant une réaction, Lizzie remarqua qu'il était fatigué mais il y avait aussi autre chose dans son regard, ses expressions. Avait-il plus de soucis que ce qu'il laissait à peine paraître mais que Lizzie devinait tant bien que mal ? Elle était prête à l'aider, quoi qu'il est besoin, mais il fallait d'abord qu'elle puisse le faire parler. Elle savait très bien que Trevor, comme tout les autres garçons, avait en lui une certaine fierté masculine et qu'il n'aimait pas parler de ses problèmes devant la jolie blonde. Et pourtant, bien qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'en parler sérieusement avec lui, elle était là pour lui et l'aider à résoudre ce qui le tracassait si il y avait besoin. Elle n'avait pas envie que les désagréments dans la vie du jeune homme viennent parasiter leur relation parce qu'il ne pouvait pas régler tout ça sans aide. Elle n'était pas une de ces filles qui vous aident et qui ne cessent de vous le rappeler par la suite, faisant presque du chantage. Si elle devait l'aider, il était certain qu'elle resterait discrète sur la question et que ce sujet serait presque considéré comme tabou par la suite, bien qu'il l'était quasiment déjà alors qu'elle n'avait pas proposé une quelconque assistance. Elle avait envie de connaitre la raison de cette fatigue, sachant bien qu'il devait surement étudier tard pour garder sa bourse et ce genre de choses, mais si il était question de ça, elle pouvait bien lui payer ses frais d'inscriptions à l'université, là n'était pas le problème. Elle voulait juste savoir la cause de ses soucis, et ce qui pouvait provoquer ces traits tirés de fatigue - voir de tristesse ? - ainsi que cette inhabituelle inattention. Malgré une certaine intelligence et un esprit relativement ouvert, la jeune femme n'avait toujours pas fait le lien entre l'attitude de son petit ami et ce qui s'était passé à la plage. A moins qu'elle ne voulait pas faire le lien.

Le contraste qui opposait Lizzie et Trevor était aujourd'hui frappant, encore plus que les autres jours, lorsqu'ils se promenaient main dans la main malgré le fait que Trevor ne soit pas très à l'aise avec les démonstrations d'affections publiques. La jolie blonde avait le teint frais, une expression assez joyeuse et avenante sur le visage ainsi que des vêtements clairs et évidemment, une apparence physique des plus soignés, de ses ongles fraichement manucurés à sa robe parfaitement repassée et immaculée en passant par ses cheveux soigneusement coiffés. Le jeune homme avait une apparence plutôt négligé, il avait remis les mêmes vêtements qu'il portait la veille, ses cheveux étaient en bataille - ce qui aurait pu être sexy si ses yeux n'étaient pas cernés - et ses traits ne pouvaient pas être plus fermés qu'à ce moment même. Cette différence entre eux amusait souvent Lizzie et ne la dérangeait pas plus que ça, elle l'avait toujours accepté comme il était et il en était de même pour lui. Mais aujourd'hui, cette dissemblance apparente avait un côté sinistre et l'expression de Trevor s'accordait au mauvais présage que la jeune fille avait. En attendant que son petit ami daigne réagir aux propos de la jeune fille, elle finit de manger les quelques malheureux petits pois qui restaient dans son assiette et commença lentement à grignoter sa part de tarte aux pommes. Habituellement, les deux jeunes étudiant mangeaient rapidement afin de pouvoir s'éclipser dans un endroit à l'abri des regards indiscrets où ils pouvaient être tranquille afin de parler ou tout simplement de profiter de l'un et de l'autre. Aujourd'hui, la jeune fille avait envie de se presser pour une toute autre raison. Elle avait hâte que ce déjeuner se termine pour ne plus avoir à évoquer des banalités avec son petit ami alors que le lendemain elle devrait lui parler de Matthew. Malgré le stress qui s'emparait d'elle lorsqu'elle pensait à cette futur discussion, elle savait qu'il fallait mieux être franche, même si elle risquait d'en subir les conséquences.

« Lizzie, je suis au courant. » La jolie blonde déposa lentement sa part de tarte sur son plateau repas avant de lever les yeux vers Trevor. Elle semblait réfléchir un instant, quelques secondes pour tout comprendre, pour enfin tout relier ensemble. Lorsque toutes ses idées furent rassembler dans sa tête, elle resta quelque peu en arrêt, le temps de réaliser. Tandis qu'a l'extérieur, elle paraissait être dépourvue de tout expression, à l'intérieur elle perdit tout contenance. Stupeur. Désarroi. Inquiétude. Il n'en fallait pas plus pour perdre pied, avoir l'impression que vous tombez dans le vide sans moyen de vous accrocher pour remonter à la surface. Le ton qu'il avait employé, sa froideur inédite, ses yeux fixés sur elle mais perdus. De quoi parlait-il ? La question ne se posait même pas. Elle savait très bien, tout comme il savait qu'elle comprendrait avec ces quatre mots ridicules. Ridicules, peut-être, mais il ne fallait rien d'autre pour clouer sur place la jeune fille qui perdait peu à peu son assurance en même temps que son joli sourire qui n'avait plus lieu d'être. Il fallait qu'elle réponde, qu'elle s'explique, mais pour l'instant elle était juste capable de respirer, et encore. Elle ne pouvait supporter le regard que Trevor lui lançait et fixait à présent son assiette, attendant de reprendre ses forces. Elle savait qu'elle devrait lui en parlait tôt ou tard, mais elle s'était attendu à pouvoir le faire selon ses règles, à un moment qu'elle choisirait et avec un petit texte certainement préparé à l'avance pour se donner plus de courage. Elle leva enfin les yeux après quelques secondes de réflexion et plongea son regard dans celui de Trevor. Son expression était sans aucune doute plus difficile à supporter que sa phrase. Elle pouvait voir dans les yeux clairs de son petit ami sa tristesse, son incompréhension, mais pire encore, sa déception.

« Je ne pensais pas qu'une chose pareille arriverait. Enfin soit, je sais bien que je ne suis pas le meilleur petit ami qu'on puisse demander mais j'estime mériter tout de même un minimum d'égard. » Si elle n'avait pas été assise, Lizzie aurait eu du mal à rester sur ses pieds. Elle avait été idiote, plus que ça même. Elle aurait surement du lui en parler directement, ou même ne pas s'être laisser surprendre par ce baiser volé et réagir aussitôt afin de repousser Matthew. Elle s'en voulait terriblement, mais elle ne pouvait s'empêcher d'en vouloir aussi à Trevor. Comment pouvait-il penser ça ? Croyait-il vraiment que Lizzie avait fait ça parce qu'elle en avait marre de lui ou quelque chose du genre ? Si la situation avait été différente, elle aurait pu rire à cette idée. Trevor avait toujours été là pour elle, supportant ses rares crises de jalousie et faisant outre des réactions moqueuses des autres étudiants. Il avait toujours été d'accord pour sortir en sa compagnie, montrant sa bonne éducation et trouvait des solutions pour s'habiller avec élégance. Et surtout, il faisait constamment des compliments à la jolie blonde, appréciant d'être vu avec elle et la supportant dans les démarches qu'elle pouvait entreprendre. Pour résumer, c'était donc le parfait petit ami, mis à part peut-être son statut social, mais Lizzie n'avait que faire de cette futilité. Elle ne pouvait supporter l'idée qu'il se dénigre ouvertement pour presque excuser l'écart de conduite de la jeune femme. A vrai dire, elle ne pouvait plus supporter grand chose à ce moment précis.

« Je ne veux pas que tu dises ça, ce n'est pas ce que tu crois. C'était une erreur de ma part, je ne voulais pas que ça arrive et si je n'avais pas été surprise, je l'aurais repoussé plus vite. J'aurais du t'en parler je sais, seulement je n'osais pas aborder le sujet, et je ne voulais certainement pas que tu me regardes comme tu le fais en ce moment. Crois-moi, j'ai beaucoup de respect à ton égard. Je... Pardonne-moi. »

C'était une première, n'importe qui ayant entendu les propos de la jeune femme aurait pu le dire. Depuis quand l'une des it-girl du Real Show s'abaissait-elle à s'excuser de son comportement ? Trevor aurait du être fière de la chance qui lui était accordé, et tant pis pour cette petite bévue. Mais Lizzie ne pensait pas comme ça. Malgré l'apparence qu'elle donnait et ses airs de fille intouchable qu'on lui attribuait parfois, elle était bien plus que ça. Humaine, tout simplement. Avec un cœur, sans aucun doute. Et pourtant, elle n'avait pas réussi à aller jusqu'au bout de sa pensée. Avant de lui demander pardon, elle avait faillit prononcer les trois mots fatidique. Mais elle n'avait pas pu. Pas pour une question de fierté, bien qu'elle eu un peu de mal à dire ces quelques phrases. Non, il faut savoir qu'Elizabeth Jenssen est loin d'être habile pour montrer ses sentiments, et encore moins les exprimer. Pourtant, même si elle n'était pas encore prête à dire ces trois mots, la jeune fille ressentait beaucoup de choses pour Trevor. Sa fierté et sa timidité en la matière l'empêchait seulement d'aller au fond de sa pensée... Et peut-être de sauver son couple, par la même occasion.

« Je l'aurais repoussé »

« J'aurais dû t'en parler »

« Peut-être un jour arriverais-je à te pardonner mais là, je ne peux pas. C'est trop pour moi. Je veux bien faire des efforts mais ne me demande pas l'impossible, pas maintenant. »

« Tu sais tout aussi bien que moi que c'est la meilleure chose que nous devons faire. Du moins, je sais que je suis incapable de faire différemment. »

« it is the way you left me (...) no happy ending. »

En un instant, la jeune fille oublia tout. Les bruits de couvert, le brouhaha des voix appartenant aux autres étudiants, le raclement des chaises sur le sol, tout ce qui l'entourait jusqu'à présent à part la personne en face d'elle. Son assurance ainsi que son habituelle gaieté avait disparu. Après avoir fini de parler, elle se remit à fixer Trevor tout en ayant du mal à supporter son regard. Elle ne savait pas quoi dire d'autre, elle ne voyait pas comment être plus sincère, elle n'avait aucune solution à ce qui allait lui tomber dessus. Juste la douleur pour lui tenir compagnie. N'importe qui n'aurait pas pu supporter le regard que lui lançait son petit ami mais elle essayait de se montrer forte devant lui. Elle ne voulait pas perdre la face et pourtant, elle se sentait fragile comme un nouveau né. Malheureusement pour elle, il n'y aurait pas de bras chauds et réconfortants pour la rassurer. Cela ne l'empêchait pas de garder la tête haute, elle n'était pas du genre à montrer ses faiblesses en public. Elle attendait donc une réaction de la part de Trevor, une parole ou un geste. Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur car elle ne contrôlait pas le déroulement de la situation. Il était compréhensible qu'elle craigne de connaître le dénouement de ce qui se passait. En quelques secondes, tout risquait de basculer du mauvais côté. Elle était impuissante, c'était Trevor qui menait la partie. Elle était juste spectatrice, regardant le fil conducteur de leur relation se déchirer de plus en plus sans pouvoir le ressouder comme avant.

Comme doté d'un mécanisme, Lizzie porta jusqu'à sa bouche ce qui lui restait de tarte aux pommes et en croqua une bouchée. Elle avala difficilement, ne trouvant rien d'autre à faire en attendant que Trevor prenne la parole. Le silence pesant devenait insoutenable pour elle. Mieux valait qu'il disent ce qu'il avait sur le cœur plutôt que de rester dans l'attente et l'ignorance. En même temps, elle redoutait ce qu'il allait lui dire car une fois fixée sur son actuel ressentiment et sur ce qu'il comptait faire, la jeune fille ne pourrait plus avoir d'espoir. En observant le visage du jeune homme, elle se remémorait plein de bons souvenirs. De toute façon, il n'y avait quasiment que de bonnes choses qui s'étaient produites avec lui. Tout était quasiment parfait et la plupart du temps, ils avaient réussi sans difficulté à occulter les quelques nuages venus ombrager leur ciel bleu. C'était simple, elle ne s'était pas sentie aussi heureuse depuis longtemps et appréciait les moments partagés avec Trevor. Comment était-il possible qu'il en soit arrivé là ? Lizzie aurait cru que le jeune homme serait plus fort que ça et qu'il saurait entendre raison. Et pourtant, elle avait oublié un détail assez important; ce n'était pas le genre de personne à supporter la pression. Mais même avec ça, elle n'arrivait pas à y croire. Pour elle, il était quasiment impossible que leur relation prenne ce tournant si rapidement. Quasiment. Et tout ça, c'était de sa faute. A ce moment là, Lizzie n'avait d'autres solutions que se haïr profondément. Même si de son point de vue, cette erreur là pouvait être pardonnable car, techniquement, les conditions étaient telles que la jeune fille était plutôt excusable, elle savait que Trevor ne voyait pas les choses de la même façon. Et c'était bien dommage. Si il avait eu plus confiance en elle, il aurait pu comprendre ce qui s'était passé. Comment pouvait-il croire un instant que c'était une réelle trahison ? Lizzie n'aurait jamais fait ça de son plein gré, pour la simple et bonne raison qu'elle était amoureuse. En voyant les images diffusés par le Real Show, vous me direz, drôle façon de le montrer, et vous n'avez pas tord...

Avec des 'si' on pourrait refaire le monde. Lizzie elle, aurait préférait changer le passé. Malheureusement, c'était impossible et comme elle ne pouvait pas revenir en arrière, il fallait maintenant qu'elle assume les conséquences de ses actes. Quand elle remarqua le changement d'attitude chez Trevor, elle fut déboussolée. A vrai dire, elle s'attendait à beaucoup de choses mais pas à ça. C'était tout simplement impossible. Et pourtant, le regard de son petit ami – pour une durée encore indéterminée – en disait long sur ce qu'il s'apprêtait à faire. La jeune fille restait interdite, attendant qu'il se décide enfin à dire les mots qui risquait de lui briser le cœur. Encore une fois, elle se sentit spectatrice, regardant la scène qui se déroulait actuellement sans pouvoir agir et changer le cours des choses. Elle déglutit difficilement, ne pouvait clairement plus soutenir le regard de Trevor. Elle restait là, impassible en apparence mais dévastée à l'intérieur. Lorsqu'il se pencha vers elle, elle crut un instant avoir mal interpréter les choses, tout allait finalement s'arranger et il n'en parlerait plus jamais. Ils continueraient de manger comme si de rien était pour ensuite aller profiter du soleil dans le parc tout en se câlinant peu vertueusement dans un coin isolé. C'était le tableau idéal, la réconciliation que Lizzie attendait. Et qui n'allait pas venir. Quelque chose clochait dans son histoire, le visage de Trevor montrait son calme et sa décision prise, tandis qu'aucun sourire n'était venu s'installer sur ses douces lèvres. La jeune fille réalisait à nouveau qu'elle avait trop espérer et qu'elle s'était singulièrement trompé. Comme pour enfoncer un peu plus le clou, le jeune homme attrapa l'une de ses mains restées sur la table avec une délicatesse qu'elle lui connaissait bien. Lizzie aurait voulu réagir, retirer sa main de la sienne, crier et le gifler pour qu'il reprenne enfin ses esprits. Elle aurait voulu pleurer afin qu'il ne se soucie plus de rompre mais qu'il soit adoucie par les larmes coulant le long des joues de la jolie blonde. Elle aurait voulu tellement de choses. Seulement, elle était à présent incapable de bouger mis à part sa main qui tremblait dans celle de Trevor. Elle fixait le ruban rouge vif qu'on discernait dans leurs deux mains entrelacées pour la dernière fois. Elle connaissait très bien ce qui était attaché à ce ruban, d'abord parce qu'elle sentait le contact froid du métal sur sa peau, ensuite car c'était elle qui avait mis amoureusement ce ruban autour du double de sa clef, afin d'être sur que le jeune homme puisse la retrouver facilement grâce à la couleur rouge. C'était un geste significatif. Il n'était même pas obligé de parler, elle avait déjà compris. Elle ne voulait pas qu'il parle. Elle ne voulait pas subir l'humiliation d'entendre ses paroles. Elle ne put faire autrement que de l'écouter, ce qu'elle fit tout en regardant encore leurs deux mains, ou plus exactement le ruban. Avec une force insoupçonnée, elle prit la parole afin de clarifier ce qu'il voulait lui dire implicitement.

« Tu essaies de me dire qu'on ferait mieux de ne pas se voir pendant un petit moment ? Faire une sorte de pause donc ? »

Sa voix n'avait pas tremblé, elle était même étonnement audible. Elle releva alors les yeux vers lui tout en récupérant sa main, tenant fermement le double de ses clefs. Il n'était pas assez clair à son gout, elle voulait qu'il le dise sans sous entendus pour qu'il n'y ait pas de quiproquo à ce sujet. Il hocha alors la tête pour lui indiquer que oui, c'était ce qu'il essayait de lui dire, surement avait-il plus de mal que la jeune fille pour le dire à voix haute. Mais même si elle perdait la partie, elle restait plus forte que lui grâce à sa stupide fierté. C'était ça qui l'empêchait de ne pas se mettre à pleurer devant Trevor, ça encore qui lui donnait une apparence déterminée et presque stoïque, même si ses yeux ne pouvait cacher entièrement sa douleur. A son tour, comme pour répondre, elle hocha légèrement la tête. « Je... Je comprends. » Comme si c'était possible qu'elle comprennent sa décision. Au contraire, elle avait plutôt envie de lui criait dessus, ce qui aurait été tellement mieux si lui aussi avait été en colère – et si ils n'avaient pas été entourés de plusieurs personnes. C'était d'ailleurs quelque chose qu'elle avait du mal à concevoir, n'importe qui se retrouvant dans cette situation aurait été un tant soit peu énervée et cette discussion se serait déroulé sur le même ton qu'une dispute. Trevor lui, gardait extérieurement son calme et c'était ça le pire, il montrait tout l'ampleur de sa déception et de son chagrin en choisissant cette attitude. Il n'était donc pas n'importe qui, et même si cela dérangeait aujourd'hui Lizzie, c'était au départ pour cette simple raison qu'elle était tombé sous son charme.

Elle se demandait que faire, elle ne pouvait pas rester ici comme ça alors que les larmes menaçaient de couler à chaque mouvement. Elle se fichait éperdument de tout ce qui l'entourait y compris le jeune homme à présent. Elle savait que c'était fini, elle savait qu'il était inutile de se battre. Elle voulait juste s'en aller et trouver un endroit où être seule. Elle ne pouvait plus supporter le regard transperçant de Trevor, l'intensité de ses yeux verts bleus qui lui brulait la peau. Fuir. Elle devait fuir, elle voulait fuir. Il fallait qu'elle dise quelque chose, qu'elle trouve une excuse, n'importe laquelle, ça fera l'affaire. Que pouvait-elle bien dire pour s'échapper de cette endroit ? C'était certain que cela serait gros comme une maison. Mais tant pis, elle pouvait rester forte en public mais là, c'était trop. Elle avait besoin de se dérober, d'aller se cacher pour prendre le temps de tout assimiler. Traduction: la jeune fille avait besoin d'être seule pour laisser libre cours à son chagrin, à ses larmes, ces sanglots qu'elle ravalait depuis trop de temps. Elle sécherait surement ses cours de l'après-midi mais elle n'en avait que faire. Il fallait qu'elle s'en aille pour ne plus avoir en face d'elle ces yeux qu'elle avait trop regardé, cette bouche qu'elle avait si souvent embrassé, ce visage qu'elle connaissait par cœur.

« Je suis désolée mais je dois y aller, j'avais prévu de retrouver une amie après le déjeuner. A bientôt. »

C'était une excuse pas vraiment recherchée mais la jeune fille n'avait pas le temps de trouver quelque chose de crédible. Elle avait réussit à parler à nouveau et c'était déjà pas mal. Elle se leva et faillit se pencher vers lui pour l'embrasser comme habituellement mais elle se retient, sentant les larmes picoter ses yeux tandis qu'elle réalisait pleinement leur soudain éloignement. Lui faire la bise aurait été surement bizarre voir inapproprié dans ce moment là et elle se sentait gênée. Elle ne savait pas quoi faire, elle n'avait jamais été dans cette situation. Avec elle d'habitude c'était bien plus simple, il n'était pas question de pause ou ce genre de trucs, ni même de relation sérieuse à vrai dire. Ne sachant quelle était la façon approprié de lui dire au revoir, elle se contenta d'un pauvre sourire sans conviction avant de s'éloigner avec dignité de cette table qui ne risquait pas de recevoir la présence de la jolie blonde avant un moment. Elle sentit les regards sur elle ce qui lui était familier mais aujourd'hui, elle était dérangé par ces regards inquisiteurs, envieux ou haineux. Elle marchait d'un pas rapide, ses talons claquant sur le sol dur du réfectoire. Elle déposa son plateau repas sur une pile déjà bien haute et poussa la porte du restaurant universitaire qui se referma avec un bruit sec du fait qu'elle en avait oublier de retenir la porte. Accélérant le pas, elle réussit à trouver ce qu'elle cherchait actuellement, les toilettes des filles. Une chance pour elle, il n'y avait personne. Elle bloqua la porte principale grâce au verrou que peu de filles avaient jusqu'alors remarqué et se laissa tomber contre l'un des murs. Tout était finie, elle était enfin seule. Elle jeta un coup d'œil au double de ses clefs qui n'avait pas quitter sa main toujours tremblante. Elle laissa alors les larmes couler, ne se souciant plus de son image ou de sa fierté. A quoi bon s'en préoccuper alors qu'elle venait de perdre l'une des personnes les plus importantes à ses yeux ? Poor little girl.

▬ ENDED.